Déjeuner en haut d’un gratte ciel, Recap

Onze ouvriers déjeunent sur une poutre au-dessus de Manhattan. 

Symbole de la Grande Dépression des années 1930, cette photo est devenue l’une des plus célèbres au monde. 

En 1932, l’Amérique se reconstruit au milieu de la Grande Dépression après le krach boursier de 1929. Cette photo offre une vue aérienne de Manhattan, montrant Central Park émergeant de l’espace urbain.

« Déjeuner en haut d’un gratte-ciel » est cette image mythique que nous voyons partout mais dont on ne connaît pas l’auteur. Vous l’avez probablement vu reproduit, redirigé, imprimé sur des cartes postales, des affiches et même des tasses dans les lieux publics et la décoration intérieure. Cela a été reproduit dans des émissions de télévision telles que « The Muppets » et « The Simpsons », et le sculpteur Sergio Furnari a recréé ces 11 travailleurs dans des sculptures grandeur nature. 

C’était aussi l’image la plus demandée dans les archives de l’agence Corbis, bien avant les portraits d’Einstein la langue tirée et de Martin Luther King. 

La puissance du concept et l’originalité du sujet : 

Des ouvriers déjeunant à 240 mètres de haut avec une étrange sérénité  font la force et le style de cette photographie. Nous n’avons jamais su qui en était l’auteur et, à ce jour, tous les travailleurs n’ont pas été identifiés. Le mystère qui imprègne cette photo renforce encore son mythe.

A l’origine, une publicité

« Déjeuner en haut d’un gratte-ciel avait pour objectif de promouvoir la location de bureaux.

Cette œuvre est apparue pour la première fois dans le supplément du New York Herald Tribune du 2 octobre 1932 avec le titre « Lunch Atop a Skyscraper » (« Déjeuner en haut d’un gratte-ciel » vente la qualité de travail de nouveaux bureau dans un immense complexe Art Déco. Cette photo a été prise sur un échafaudage au 69e étage du bâtiment Comcast de 70 étages du Rockefeller Center, à New York, au cours de la dernière semaine de construction. Cependant, elle n’a pas été mise en scène car ce sont de vrais ouvriers en pause déjeuner, ce qui lui donne un vrai caractère. 

Bien que non prouvées, des rumeurs circulent selon lesquelles le 30e étage aurait été achevé à quelques mètres en dessous des ouvriers pour leur fournir « un certain degré » de sécurité.

La photo a été prise par un groupe de photographes réunis par Rockefeller, qui comprenait également Charles C. Ebbets, Thomas Kelly et William Leftwich. L’origine de la photo est inconnue, mais il est certain qu’elle a été prise par l’un d’entre eux. Les ouvriers ont été photographiés sous de nombreux angles différents ce jour-là, mais c’est celui qui nous est le plus familier qui a été choisi pour expliquer la notoriété du bâtiment.

« Déjeuner en haut d’un gratte-ciel » montre un aspect différent de cette période difficile marquée par les migrations, la crise du monde rural, les chômeurs désoeuvrés allors que la publicité cherche à renvoyer une image positive en représentant l’optimisme et la résilience des États-Unis en pleine dépression économique. C’est l’image d’un Manhattan en reconstruction porté par des ouvriers enthousiastes et intrépides que cherche à véhiculer Rockefeller.

Un pari fou

Un documentaliste Sean Ó Cualáin accompagné de son frère Eaonn, se sont lancés un pari fou : mettre un no sur chacun des visages de cette photo

L’histoire commence lors d’un déjeuner de 2011 au Whelan, un vieux pub irlandais. Le regard de Sean tombe alors sur une photo murale avec une note manuscrite et les noms de deux des employés assis sur cette poutre : Sonny Glynn et Matty O’Shaughnessy. Le propriétaire du pub a expliqué aux frères Ó Cualáin que les deux travailleurs de Shanaglish avaient déménagé à New York dans les années 1920. La photo lui a été offerte en souvenir par son fils et son petit-fils, Pat Glynne, qui vit maintenant à Boston. 

Les frères Ó Cualáin prenent alors le numéro et partent aux États-Unis pour revenir un an plus tard avec le documentaire “Men at Lunch” projeté au Festival du film de Toronto en 2013. Ce documentaire suit leur voyage pour découvrir l’identité de tous les travailleurs.

En explorant les archives du Rockefeller Center puis les archives Corbis en Pennsylvanie, ils ont trouvé la photographie d’ouvrier dormant sur une poutre, derrière laquelle les noms de Joseph Ekner et Joe Curtis étaient inscris. 

En 2017, il y avait encore sept travailleurs non identifiés. Les négatifs sont stockés à Iron Mountain, un espèce de bunker fermé au public à l’extérieur de Pittsburgh, en Pennsylvanie.

Les frères irlandais lors d’une interview accordée au Times ont déclaré :

« Au fond, nous espérons que l’identité de tous les ouvriers ne sera jamais découverte. Le mystère est ce qui fait la magie de cette photo. »